Boites d'Aiguilles

les Aiguilles pour Phonographes

Le choix des aiguilles a toujours été un problème aux multiples solutions : aucune d'elles n'étant vraiment satisfaisantes.

Le problème s'est encore compliqué de nos jours du fait de la raréfaction des aiguilles.de phonographes.

D'ou l'intérêt de la recherche des boites d'époque tant pour le contenant que pour le contenus.

Soyez clairvoyants dans le choix de vos aiguilles: évitez d'employer des aiguilles trop fortes, qui exigent des disques un travail trop rude et qui souvent introduisent dans les diaphragmes des vibrations parasites et les dérèglent. Ces aiguilles ont été fabriquées en vue de faire rendre leur maximum à des appareils portatifs d'une acoustique insuffisante.

Les aiguilles fortes sont toujours très courtes, de sorte que le bras de levier du diaphragme étant aussi très raccourci, il imprime à la lame vibrante des mouvements très amplifiés, et pour cela exige du sillon un travail exagéré qui le détériore rapidement.

Même observation pour les aiguilles dites "permanentes" ou "semi-permanentes". Celles-ci ont été crées en vue d'éviter le changement perpétuel des aiguilles. Elles sont en matière très dure et il est facile de comprendre que le frottement de deux surfaces en mouvement non lubrifiantes entraînant toujours l'usure de la moins résistante, une aiguille qui ne s'use pas use très vite le disque.

Choisissez en conséquence des aiguilles dites "médium" ou "soft-tone". Outre que la sonorité est toujours plus pure, elles reculeront l'apparition si redoutée des premiers symptômes d'usure à la 50 ème ou 60 ème audition au lieu de la 20 ème en général.

Les aiguilles dites "sourdine" ne présentent pas un bien grand intérêt et nous n'en recommandons pas l'emploi.

Bien des marques d'aiguilles ont fait leur apparition sur le marche. Mais seuls les aciers anglais, dont la fabrication est malheureusement couverte par des brevets étrangers, permettent d'obtenir de bonnes aiguilles. Nous sommes donc obliges, pour l'instant du moins, de conseiller l'emploi d'aiguilles importées.

L'aiguille de fibre, actuellement très discutée, offre des avantages et des inconvénients qu'il est bon de connaître en détail. Tout d'abord, la sonorité est affaiblie et un peu voilée Mais ceci n'est observable que pour une intensité égale a celle d'une aiguille d'acier. En réalité, les vibrations étant moins intenses, le diaphragme n'est jamais amène a donner de périodes parasites. Il s'en suit une audition plus régulière et plus pure, sensible surtout dans la reproduction des grands orchestres et des soli de piano. D'autre part, toujours a intensité de reproduction égale avec l'acier, le frottement est un peu plus fort mais très homogène, de sorte qu'il incommode peu l'oreille. Et tandis qu'avec l'aiguille d'acier ce frottement va s'accentuant au fur et a mesure que le disque est rejoue, jusqu'à devenir intolérable au bout d'une cinquantaine d'auditions, avec l'aiguille de fibre au contraire, il va diminuant parce que l'aiguille (surtout si elle a été plongée dans la paraffine bouillante durant sa fabrication lubrifie peu a peu le disque, qui est rendu ainsi pratiquement inusable.

Nous ne saurions donc trop conseiller de faire l'essai de ces aiguilles qui enchanteront peut-être bien des amateurs de bonne musique. Toutefois certaines précautions sont a prendre: lorsqu'un disque est neuf, il arrive, mais rarement, qu'il ne supporte pas l'aiguille de fibre, c'est a dire que celle-ci s'émousse trop vite, ce qui se traduit par un vibrato et une cacophonie assez désagréable. Il faut alors le jouer avec une aiguille d'acier douce, et on a ensuite toutes chances de succès. Si le disque est déjà un peu use et refuse l'aiguille de fibre, il ne faut pas se rebuter mais rejouer plusieurs fois, avec une aiguille toujours retaillé, les passages qui l'émoussent. Certains passages très intenses d'un disque, même bien prépare, se refusent a passer. Mais c'est la l'exception, et l'on devrait adopter pour principe de jouer tous les disques auxquels on tient avec ce genre d'aiguilles

Ces aiguilles sont fabriquées avec de la fibre de bambou, sélectionnée, aussi résistante que possible. Elles ont la forme d'un prime a base triangulaire et on a eu soin de biseauter l'extrémité qui travaille sur le disque de sorte que la pointe, en forme de fer de lance, est prise dans la partie la plus dure qui est l'écorce. On peut les retailler a l'aide de sécateurs spéciaux une dizaine de fois, et, naturellement, l'intensité d'audition est en rapport inverse de 1a longueur de l'aiguille.

d'après : Art Phonique 1928

Machines Parlantes et Phonogrammes N° 2, novembre 1978


la Fabrication des Aiguilles

Dans un précédent article, nous avions abordé le problème du choix des aiguilles pour phonographes. Voici maintenant un texte de 1928 traitant de la fabrication des aiguilles métalliques.

Le fil d'acier, matière première pour la fabrication des aiguilles de phonographes, est soumis, dans les laboratoires des usines d'étirage, à de nombreuses épreuves : composition chimique, essais de rupture, etc... et donne, pour cette raison, une absolue garantie contre tout vice de fabrication. Sorti de ces essais, le fil est coupé, à l'aide de machines automatiques spéciales, en tiges dont la longueur correspond au multiple d'une aiguille ordinaire. Toujours automatiquement, ces tiges sont affûtées aux deux bouts jusqu'à ce que des pointes parfaites sont obtenues. On coupe ensuite ces bouts, et deux aiguilles de phonographes sont nées. Le restant de la tige retourne à l'affûteur automatique et le même travail reprend jusqu'au moment où toute la tige a été travaillée.

Après avoir parcouru les différentes stations de fabrication à l'état tendre, il faut que l'aiguille soit durcie, C'est un processus très délicat de la réussite duquel dépendra en grande partie la valeur de l'aiguille. Dans des fours spéciaux, on les chauffe au rouge pour les refroidir à la sortie, avec la plus grande rapidité, dans un bain d'huile. L'aiguille a maintenant acquis le degré de dureté le plus favorable à l'exécution du travail pour lequel elle est destinée, c'est-à-dire à parcourir les sillons d'un disque.

On doit prendre en considération que le chemin à parcourir par une aiguille jouant un. disque de 30 cm est d'environ 200 mètres. Par le frottement dans les sillons du disque, l'aiguille, aussi bien que le disque, sont attaqués. Il est donc Indispensable que l'affûtage, le durcissement et le polissage donnent à l'aiguille la forme la plus convenable et la durée la plus complète. Elle doit en particulier épouser exactement le tracé des sillons (en y ou demi-cercle) pour éviter, dans la mesure du possible, une déformation du son et des bruits parasitaires.

Par le durcissement, les aiguilles sont devenues ternes. Elles doivent être débarrassées de l'amadou et de l'huile adhérant à leur surface. Ce travail se fait par un procédé très long. On malaxe d'abord les aiguilles avec de l'huile de poisson, du suif et d'autres matières, dans des balles cylindriques. Ce mélange est ensuite roulé par un mouvement de va et vient rotatif et sous pression pendant une durée de trois à six journées. Il a pour effet que les aiguilles se lissent par le frottement entre elles. Ensuite, et par une seconde opération de même genre, l'aiguille lisse acquiert le polissage, qui est souvent pris par les usagers pour un nickelage. La fabrication est maintenant terminée, mais -un autre travail extrêmement délicat va commencer. C'est la recherche des aiguilles inutilisables qui, pour une raison ou une autre, se sont abîmées pendant le long travail qu'elles ont subi. Avec une grande patience, les ouvriers les plus exercés cherchent, à l'aide d'appareils pourvus de lentilles à fort grossissement, toutes les aiguilles montrant le moindre défaut. Enfin, les aiguilles sont comptées et mises par deux cents dans ces petites boites en métal universellement connues, et qui portent cette marque de qualité "Engel", avec une indication correspondant à leur degré de sonorité. Ces boites sont entourées chacune d'une bande de papier et assemblées par cinq dans un petit carton.

d'après : Art Phonique 1928

Machines Parlantes et Phonogrammes N° 4, mars 1979

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Dernière modification 02-2020
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